Un peu d’étymologie
Le mot «orthorexie» vient du grec orthos (droit, correct) et orexis (faim, appétit). Il évoque donc la rectitude sur le plan des choix alimentaires, de la sélection des aliments à la préparation des plats.

À l’heure où se multiplient les discours sur l’importance d’avoir une saine alimentation, de manger bio et d’éviter certains aliments, d’aucuns en font une véritable obsession. Ce problème a un nom, nous dit la nutritionniste-psychothérapeute Josée Guérin: L’orthorexie.

L’ORTHOREXIE est un problème de plus en plus courant selon Josée Guérin, nutritionniste-psychothérapeute. Ce n’est pas une pathologie reconnue dans la nomenclature officielle du DSM-5 (le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association américaine de la psychiatrie), mais on se heurte de plus en plus à ce problème. La pression sociale liée à une bonne nutrition est grande, et de plus en plus de gens se préoccupent de leur alimentation. Mais ce qui est sain en soi peut devenir problématique quand ça vire à l’obsession…

Une préoccupation obsessive
À quel moment le fait de vouloir manger sainement devient-il un problème? Eh bien, lorsque le temps consacré à l’alimentation se met à empiéter sur les autres sphères de la vie et que les comportements sociaux en sont affectés.

Le temps consacré à l’alimentation
Se préoccuper de ce qu’on mange, c’est bien, mais lorsque ça devient une obsession, ce l’est moins: cela peut se traduire par des heures consacrées à la sélection, à l’achat, à la préparation et à la consommation des aliments. On peut faire la chasse aux agents artificiels et aux agents de conservation, lire les étiquettes, s’abstenir de consommer certains aliments…Bref, le rapport à l’alimentation se rigidifie et devient obsessif. Lorsqu’une personne constate qu’elle a établi beaucoup de règles alimentaires, que son alimentation prend beaucoup de place dans sa tête et dans son quotidien, il y a matière à réflexion.

Les comportements sociaux
Quand les comportements sociaux sont affectés (par exemple, quand on évite d’aller manger au restaurant ou chez des amis parce qu’on ignore quels sont les aliments choisis et comment ils ont été préparés, etc.), il y a lieu de se poser des questions.

Plusieurs degrés d’orthorexie
Il existe plusieurs degrés d’orthorexie. On commence par faire des choix alimentaires puis, au fil du temps, on devient de plus en plus rigide et obsédé, et la pathologie s’installe. Vient un moment où l’obsession est envahissante sur le plan quotidien. Avoir du plaisir n’est plus pertinent; c’est la santé qui a pris toute la place.

Quand ca devient un problème
Quand il n’y a plus de plaisir ni de souplesse à table, qu’on ne peut déroger aux règles qu’on s’est imposées, qu’on n’ose pas goûter à un plat car on ne sait pas ce qu’il contient, que sa vie sociale en est affectée, il y a un problème. Peut-être y a t-il lieu de consulter pour éviter que cela dégénère, car de tels comportements risquent de mener à une certaine détresse, et même de gâcher la vie.

Une orthorexieque célèbre: Gwyneth Paltrow On la dit obsédée par la nourriture; certains vont même jusqu’à taxer son comportement d’hystérique. À table, Gwyneth Paltrow a acquis une réputation d’enfer! Elle surveille tout ce qu’elle mange, refuse de consommer plusieurs types d’aliments, évite soigneusement le gluten, la viande, les œufs, etc., et ne jure que par le bio! On en convient, ça restreint considérablement les choix à table!

«La volonté de manger sainement devient un problème lorsque le temps consacré à l’alimentation commence à empiéter sur les autres sphères de la vie et que les comportements sociaux en sont affectés.»

Josée Guérin est nutritionniste-psychothérapeute. Elle est présidente et fondatrice de la Clinique Psychoalimentaire, chargée de cours à l’université de Montréal et auteure du livre Miroir, miroir, tu me fais souffrir!. Elle fait de la thérapie auprès de gens souffrant de troubles alimentaires ou ayant des préoccupations concernant leur alimentation ou leur image corporelle. Info: www.psychoalimentaire.com

Par Michèle Lemieux
VIVRE SA VIE en santé.
Magazine LE LUNDI. Juin 2014. p 68-69.
Photo: Getty images et Shutterstock.

Une réponse

  1. Est-ce que vous êtes au courant du lien étroit entre l’orthorexie et le diabète type 1? C’est notre fille diabétique qui s’informe de votre clinique qui nous a envoyé votre lien. Nous aimerions que l’a personne qui la rencontre connaît ce lien. Son orthorexie est devenue anorexie selon son psy. (Notre fille nous l’a dit) donc comme diabétique sa vie est en danger. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui connaît le diabète type 1 qui peut la suivre? Merci de votre aide!

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